Douceur d'une chute.
- Flavien Bernard
- 30 mai
- 2 min de lecture

J’ignorais qu’on pouvait renaître sans hurler,
qu’on pouvait tomber à genoux sans perdre la face.
J’ignorais que la poussière pouvait devenir offrande.
Je ne savais pas qu’avant mon cri,
quelqu’un l’avait déjà entendu.
Je croyais venir demander pardon, un peu honteux.
Je me suis retrouvé à me justifier, beaucoup orgueilleux.
Puis lorsque j’ai quitté mon regard pour m’en remettre au Sien,
je me suis finalement livré, tout entier.
Nu !
Comme aux premières heures du monde.
Je suis entré là comme on entre en soi-même :
sur la pointe de l’âme, le souffle court,
les poches pleines de caillasses accumulées au fil des jours.
Des fautes.
Des oublis.
Des absences.
Des gestes manqués.
Des gestes qui auraient dû manquer.
Des regards qui fuient.
Des « oui » fêlés.
Des « non » trop polis.
La banalité du mal,
l’évidente médiocrité,
la lenteur du cœur à aimer vraiment.
C’est étrange de dire sa chute à voix haute.
On s’attend à s’entendre sale.
On se découvre humain.
Les mots tombaient de mes lèvres comme des morceaux de chair morte.
Et à mesure qu’ils chutaient dans les profondeurs de l’enfer, quelque chose s’élevait.
Un vent d’éternité soufflait sa brise, légère, si douce.
Elle portait un parfum d’Eden.
Il était là.
Il m’a écouté.
Il a laissé mon cœur dégorger sa nuit.
Il a nommé la grâce.
Et la grâce a nommé mon nom.
Je ne suis pas ressorti meilleur.
Je suis ressorti libre.
Depuis, je marche autrement.
Pas droit, non,
mais porté.
Porté par un amour qui m’a vu en vérité
et ne m’a pas recraché.
Et ce lieu,
ce confessionnal,
ce n’est pas un tribunal.
C’est un tombeau vide.
Une pierre roulée.
Un Eden qui recommence.
Je sais que je reviendrai.
Non par fidélité,
hélas,
mais parce que je sais que je tomberai.
Encore.
Je sais à présent qu’en te confiant mes chutes,
je t’offre mes ténèbres,
et tu m’ouvres ton cœur.
À chaque chute,
tu t'insinues dans mes nouvelles brèches,
faisant scintiller ta lumière toujours plus intensément.
Jusqu’au jour où,
je l’espère,
il n’y aura plus ni vase ni fêlure,
mais seulement l’éclat pur de ta lumière.
Flavien
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